Comment développer une nouvelle lecture du conte populaire par la seule voix d’un seul personnage ? Dans cette adaptation, la comédienne Magali Moreau et le personnage Isabelle se confondent en une seule et même personne, Magali-Isabelle. Elle vit à notre époque, à Montreuil où elle y rencontre un bel hipster à la barbe sombre dont elle tombe follement amoureuse…

La fiction rejoint alors la réalité du plateau, elle interprète la femme de Barbe bleue. Ce qui se joue relève davantage de la tragédie que de la petite histoire avant d’aller dormir. Perrault raconte qu’elle s’en sort vivante grâce à une aide extérieure mais comme il s’agit d’un seule en scène, l’actrice est obligée de terminer l’histoire et Isabelle se retrouve seule face à son destin, sans soeur Anne et sans frères vengeurs. 

La conteuse, actrice, soliste, dans sa prise de pouvoir totale du plateau, aura le loisir de tordre l’histoire à son gré, de la malmener, de la suivre et de la réinventer. Tout cela constituant au bout du compte la confession d’une femme seule, le récit traumatique d’un drame vu par la diagonale, inventé ou réel. 

Après deux premières adaptations de contes dans le cadre des Banquets littéraires au Théâtre de Chelles, la compagnie Zone Franche se penche ici sur un conte traditionnel, dont la version la plus célèbre est celle de Charles Perrault, pour en rappeler toute l’intemporalité et l’horreur qu’il a vocation à exorciser.

Durant la fermeture des théâtres en 2020-2021, La Barbe bleue est devenu un spectacle nomade qui s'est joué aussi bien dans une salle polyvalente, une salle de classe que dans un théâtre. Luc Cerutti va ainsi encore plus loin dans sa recherche de parole donnée partout et pour tous.